A quoi je pense pendant le sexe? Tantra et sexe sans consentement

Chinnamasta

« « Tantra » est synonyme d’extrême discipline. » – Sadhguru

Prologue :

Cet article est inspiré par celui-ci: « Ces hommes incapables d’entendre un « non » féminin, ou la culture de l’insistance ».
Si vous n’aimez pas lire les mots « pénis », « vagin », pénétration », l’article ci-dessous n’est pas pour vous !
C’est potentiellement l’article le plus trash que j’ai écrit.
Si vous êtes un « mec », un « vrai », que vous visez « toujours plus haut », comme Tina Arena, que vous cherchez à vous améliorer en permanence, alors l’effet de ce texte pourrait être stimulant.
Sinon je vous préviens, vous allez juste vous vexer.
Dans ce texte je m’adresse à « vous », les hommes. Non pas que je m’attende à ce que 12000 personnes lisent ce texte, mais l’écrire m’aide à réfléchir. Et oui, je m’adresse aux hommes en général : désolée, mais vous avez tendance à tous vous ressembler sur certains points. Il existe peut-être des exceptions…. Mais oui, je généralise éhontément. Je suis chez moi, je fais ce qui me plaît.
Et le plaisir, c’est important, n’est-ce pas ?
Si « vous » pouviez essayer de répondre à la question en fin d’article, de préférence après avoir lu au moins les deux derniers paragraphes, ce serait cool (y répondre, ne serait-ce qu’en votre fort intérieur).
« Je », ne fais bien sûr référence qu’à moi, femme hétéro de 42 ans, ça vaut ce que ça vaut, mais quelque chose me dit que beaucoup de femmes pourraient plus ou moins se reconnaître dans ce petit « je ».

– – –

J’ai souvent « consenti » à un rapport sexuel par pure gentillesse, par pure bonté d’âme, en bonne Mère Theresa du sexe, en ayant la sensation que je donnais le sein à un bébé famélique, parce qu’un homme avait beaucoup insisté, parce qu’il semblait que sa vie en dépendait – et la mienne peut-être aussi.
J’exagère à peine.
Je ne me suis jamais sentie franchement physiquement en danger avec mes amants, non, pas avec mes amants en particulier, juste avec les hommes en général. Face à un homme, je suis toujours extrêmement consciente d’être la moins forte physiquement. Je suis toujours extrêmement consciente qu’un « non » peut me valoir une réponse cinglante, un mépris anéantissant, une mise en disgrâce éternelle, une gifle, ou pire, même de la part d’un homme qui m’aime et que j’aime, je l’ai appris très tôt, et beaucoup d’hommes s’appliquent à le prouver à travers le monde entier, au quotidien, depuis des millénaires.
Et parfois, moi aussi je pète les plombs. Ca m’est arrivé de frapper l’un de mes chats à l’occasion d’une crise de rage, alors que j’aime mes chats et que je suis une personne plutôt douce en général (les crises de rage ont cessé de se produire depuis que j’ai arrêté le gluten en 2011, jdis ça, jdis rien). Je sais qu’un être humain peut péter les plombs et devenir violent – et pas seulement physiquement, devenir violent sans prévenir et que ça peut faire mal, et pas seulement physiquement.
Donc je synthétise ce paragraphe : même quand je n’ai aucune envie de sexe, je peux dire « oui », par générosité, par « gentillesse », par noblesse d’âme, de cœur, de cul, autant que par peur (peur à minima du rejet, de la gifle verbale, du mépris…). « Les deux mon capitaine ! », « en même temps », comme dirait Emmanuel Macron. Oui, l’âme humaine, c’est compliqué. Je peux même ajouter « par lassitude » (« Comme ça, il arrêtera de me soûler »), « par j’men foutisme, fatigue ou faiblesse de caractère » (« Hof, ça ou autre chose ») et/ou « par orgueil » (« Même pas peur, même pas mal! »), parfois tout cela vraiment plus ou moins « en même temps ».

Le sexe, et plus précisément l’accès à celui des femmes, vous semble toujours tellement crucial, à vous, les hommes hétéro (ou bi ou pan, du moins ceux que j’ai eu connu), comme si vos revenus en dépendaient. Vous ressemblez un peu tous à des geeks accro à un jeu vidéo qui ne pensent qu’à une chose : attendre le niveau suivant de leur jeu préféré. Le niveau suivant, c’est toujours le prochain vagin et/ou clitoris, et, si vous avez une partenaire régulière, alors vous avez besoin d’avoir accès à son vagin, ou au moins à sa vulve, aussi souvent que possible, de préférence plusieurs fois par jours, ou au moins plusieurs fois par semaine, comme un bébé le sein de sa mère, c’est véritablement la sensation que ça me donne.
A défaut du vagin ou de la vulve, vous vous contenterez éventuellement d’une bouche ou d’un rectum, et si tous ces organes vous restent inaccessibles pour une raison ou une autre, alors il vous faudra éjaculer quelque part sur le corps d’une femme, un peu comme un chien doit absolument marquer son territoire à chaque fois qu’il sort.
Même les hommes adeptes du « Tantra », j’ai très envie de dire « prétendument » adeptes du Tantra…. « Prétendument », parce qu’ils finiront par m’expliquer que finalement, dans le « Tantra », on y met ce qu’on veut, alors que non, c’est une pratique très ancienne qui vise uniquement à la pleine Réalisation de l’Être, et qui n’implique d’éventuels rapports sexuels qu’après de longues années de disciplines spirituelles diverses et assez arides, l’un des couples « tantriques » les plus célèbres ayant été Padmasambhava – le fondateur du bouddhisme tibétain et auteur du Bardo Todhol, et Yeshe Tsogial, rédactrice du Bardo Todhol, couple qui passa des années en ermites dans des grottes au Tibet.
Sérieusement, si les « stages » de Tantra consistaient à passer plusieurs années d’affilées à méditer dans une grotte en haute-montagne, sans rien du confort moderne et sans aucun rapport sexuel, qui y aurait-il pour en parler en Occident ?
Le Tantra, en vrai, est une ascèse, pas une baise-partie, une ascèse à visée transcendantale, qui ressemble assez, dans le fond, à ce que je m’efforce de faire de mon quotidien depuis que j’ai environ 16 ans… Bref, même les adeptes du pseudo-Tantra, en dépit de tous leurs beaux discours sur la sexualité soit-disant respectueuse de l’Être dans sa globalité et non-génito-centrée, semblent rester relativement obnubilés par l’accès a mon vagin ou bien à mon clitoris, ou bien à mon anus, « s’te plait ! ».

Pénétrer à tout prix semble être, encore et toujours, l’enjeu majeur. Pas le dérèglement climatique, pas la 6ème extinction de masse, pas l’autonomie alimentaire, pas la sécheresse qui devient chronique, non. L’accès au vagin, l’accès au corps de la femme, à la femme nue, et surtout à l’intérieur du corps de la femme.
Mettre au minimum le bout de vos doigts entre mes lèvres, celles du haut ou du bas, et votre langue dans ma bouche ou dans ma vulve, voilà l’essentiel en ce bas monde.
Pénétrer. Ca, ça vous fait planer, ça semble vous rassurer et vous mettre en joie autant qu’un compte en banque bien garni dans les îles Caïmans.

Une fois que c’est fait, vous êtes aussi rassurés sur votre sort que si vous veniez d’atteindre le sommet de l’Evrest. Ca y est, vous êtes les rois du monde. Vous pouvez souffler, vous êtes arrivés, et si vous avez atteint le fond de mon vagin en réussissant à me faire crier (parc que, oui, c’est con, mais en vrai ça peut faire mal! Et petite précision, pour votre érudition : quand une femme crie, ça ne veut pas forcément dire qu’elle a un orgasme, et inversement ! Un orgasme peut être parfaitement silencieux, et le clitoris n’est pas au fond du vagin ! ), alors là, plus rien ne vous arrête, d’ailleurs certains iront jusqu’à me le dire : « Je suis le meilleur » (« sic », comme on dit).

Moi, quand un homme cherche à me pénétrer de façon très insistante (ou l’air de rien : « Oups, j’avais pas vu ! »), je pense à ma vaginose chronique, à mes pertes vaginales pâteuses, occasionnellement verdâtres, qui sentent – au mieux, le plâtre frais.
Tu as faim ?
Tu aimes le fromage ?
Tu veux refaire tes murs?
Je pense transmission de Candida albican, de mycose, de sida, de syphilis, d’hépatite, de co-infections de la maladie de Lyme, je pense cystite et grossesse indésirée.
J’échoue à comprendre pourquoi un homme cherche à mettre son pénis dans mon vagin, et donc potentiellement son sperme, alors qu’ils ne veut pas d’enfants avec moi, « surtout pas ! ».
Je ne comprends pas comment un homme peut dire « Je sais me contrôler » quand on sait qu’une goutte de sperme suffit à féconder un ovule malencontreusement de passage, quand on sait qu’on peut être, en toute ignorance, porteur sain de tout un tas d’infections plus ou moins sévères non dépistées en routine par les médecins généralistes, quand on sait que même notre propre flot salivaire, non, on ne le maîtrise pas, tout comme je ne maîtrise absolument pas ma vaginose, ni ma cave à fromage.
Quand je constate qu’un homme est encore en train d’essayer de me pénétrer sans capote, alors que j’ai juste dit « oui » à un « massage », je me dis que je suis encore tombée sur un homme atteint du syndrome de Superman, qui se croit immunisé contre toutes les maladies sexuellement transmissibles, parce qu’il me baise avec « respect » (dit-il) et que le respect, c’est forcément plus efficace qu’une capote ou qu’un antibiotique.
C’est un Superman, il a pris une douche, il est parfaitement propre, aussi stérile qu’un scalpel dans un bloc chirurgical, il n’a pas de microbiote (flore microbienne) génital, non, ça c’est pour les autres, pour ceux qui ne connaissent pas le mot « Tantra », peut-être ?
Rétrospectivement, je réalise aussi que ces hommes qui se permettent de pénétrer une femme qui a juste dit « oui » à un « massage » confondent malencontreusement silence, immobilité (et, éventuellement, « mouille ») avec consentement et que c’est une des base de la culture du viol, et même de la définition du viol (« acte de pénétration sexuelle commis sur une victime avec violence, contrainte, menace ou surprise »), mais j’y reviendrai plus loin (oui, ça va être long, et plus c’est long, plus c’est bon, non?).

Quand j’accepte d’essayer de « pratiquer » avec un prétendu adepte du Tantra – tant qu’on n’a pas testé, on ne peut pas vraiment savoir s’il s’agit d’un « vrai » adepte ou pas, non ? – j’attends toujours de pouvoir entrer en méditation à deux, peau à peau, souffle à souffle, pour voir jusqu’où il est possible d’aller comme ça.
Peut-être jusqu’à l’activation pleine et entière de tous nos chakras, de notre « corps de lumière » ? Oui, le corps humain émet réellement des biophotons, soit dit en passant.
Pour le moment, j’ignore encore jusqu’où il est possible d’aller comme ça, puisque je n’ai jamais trouvé qui que ce soit pour aller dans cette direction là, puisque mes partenaires semblent toujours plus intéressés par mon vagin que par un quelconque état méditatif.
Alors que votre état méditatif ne se situe absolument pas là.
D’où l’idée que vous n’êtes que de prétendus adeptes du Tantra, au mieux des victimes du marketing des psy et autres thérapeutes psychanlysants modernes, qui vendent leur sexothérapie sous l’étiquette « tantra », parce que c’est vendeur, parce qu’ils ont tendance à pervertir tout ce qu’ils touchent (puisque l’ancêtre de leurs formateurs à tous, Freud, s’y connaissait bien en appropriation et perversion d’appropriation, le charlatan N°1 du 20ème siècle !)…
Parce que soit vous utilisez vous aussi le terme de « Tantra » alors que vous n’en avez rien à branler de la transcendance (quel est le titre de ce blog, déjà?), et vous l’utilisez sciemment pour faire du tantrawashing, et c’est malhonnête, soit en toute innocence vous ignorez de quoi vous parlez, même après avoir fait plein de stages hors de prix, mais si je dis ça, vous allez vous vexer.
Si vous êtes restés jusque là.
Puis vous me rétorquerez : « Et toi, qu’est-ce que tu en sais, de ce que c’est, le Tantra ? ».
Je vous répondrai que j’ai lu des livres, que je me suis initiée à 2-3 disciplines apparentées au Tantra ou qui en font parti intégrante (yoga, taï-chi…), et vous me rétorquerez que je suis vraiment trop crédule.

En effet.

En effet, je « crois » toujours que si un homme qui m’est sympathique insiste vraiment beaucoup pour avoir un rapport sexuel avec moi, c’est que je devrais peut-être accepter, que s’il dit qu’il s’y connaît en Tantra, c’est que c’est peut-être la vérité.
Trop curieuse, et trop crédule, en effet. Trop influençable, comme n’importe quel autre autiste (oui, pour info, j’ai un handicap, je suis autiste, pour de vrai! Et les autistes sont plus influençables que la moyenne). Trop gentille, trop souvent prête à accorder le bénéfice du doute.

Et puis l’homme « désirant » est toujours très doué pour me suggérer d’une façon ou d’une autre que si je refuse, c’est que je suis une coincée, une blessée, une gourde, une prude, une banquise, une méchante, une névrosée, une conne, une salope, une pute, une allumeuse, une fille qui ne sait pas ce qu’elle veut, une fille qui ne sait pas ce qu’elle loupe, etc, etc… Au choix, selon l’humeur.

C’en est un peu à se demander pourquoi vous me désirez, exactement, au final ?
Peut-être est-ce que, justement, ce n’est pas moi que vous désirez, c’est la pénétration, fourrer votre pénis ou au moins l’un de vos doigts quelque part dans un corps de femme.
Et puis à force, je finis parfois par en avoir marre de me faire basher : « Ah bon, si je dis « non » c’est que j’ai un problème ? Tu vas voir ça, si j’ai un problème ! ».
Eh oui, moi aussi, j’ai ma fierté. Comme les mecs, moi aussi j’aime montrer mes « muscles » et que je suis « cap » et même à moi, il m’arrive d’avoir envie de jouer à « qui pisse le plus loin ».
Un peu comme les gars, le samedi soir, qui jouent à celui qui boira le plus de shots d’alcools forts, sans rouler sous la table.
Après tout, moi aussi, je suis un mec comme les autres.
Le dénigrement fonctionne parfois, d’une façon ou d’une autre, qu’il actionne le levier de la peur, de la colère, de l’orgueil… Oui, il peut fonctionner.
Oui, vous pouvez prendre un autre verre, et puis un autre, et puis votre voiture après, même pas peur ! C’est crétin, mais ça peut marcher.

J’ai appris que si je ne vous donne pas ce que vous voulez, une fois que je suis en tête à tête avec vous, vous pouvez devenir extrêmement méprisant, blessant, et me traiter littéralement comme de la merde. Comme ça, tout à coup, ça va vous prendre comme une envie de pisser, ça partira sans prévenir, comme une paire de claques, par forcément à plein poumon, juste quelques mots bien incisifs qui me rabaisseront plus bas que terre. Pas sympa. Même franchement moche.
J’ai appris que, dans « l’intimité », même les hommes qui se prétendent intello de gauche – très propres sur eux, anti-FN et autres « votez utile », plus ou moins « esthètes », épicuriens (mot compte triple), avec un bon niveau socio-professionnel, qui vivent dans une maison où le ménage est toujours bien fait, eux aussi peuvent être aussi infectes qu’un facho (voir bien pire), quand je ne leur donne pas accès à mon vagin ou à ma bouche.
Moi, en 2012 : « Si je ne lui donne pas ce qu’il veut, je vais encore repartir de chez lui en chialant, le cœur brisé, et je resterai prostrée de chagrin pendant six mois. »
Moi, en 2022 : « Et puis peut-être que celui-là sera le bon, celui que je pourrai présenter à ma famille, qui restera à mes côtés même quand je serai vieille et que j’aurai une descente d’organe ? »

Et après tout, qu’est-ce que cela me coûte de vous laisser me doigter ? De vous laisser me pénétrer, à partir du moment où vous vous êtes lavé les mains, où vous avez mis une capote ?
Honnêtement, cela finit par me coûter autant qu’une auscultation par la doctoresse qui fait mon suivi gynéco.
Suffit de penser à autre chose, de respirer, de se détendre et d’attendre que ça passe. Ce n’est qu’un organe comme un autre, ce n’est guère plus qu’une poignée de main un peu gluante.
J’attends que ça passe, j’attends de voir si, peut-être, vous pourriez être « le bon », à la longue, à force de générosité, de magnanimité, de fierté, de je ne sais plus trop quoi….

Se laisser faire quand on n’a pas envie, certains appellent ça « se faire violer » (référence : Je suis un homme victime de viol conjugal — Témoignage), hein, tout de même, alors que moi j’appelle ça «céder pour avoir la paix». Peut-être ne devrais-je pas autant relativiser?
Parce que, de fil en aiguille, je lis que « céder n’est pas consentir » et que donc, oh my god, ce dont je parle, là, ce serait de viols à la chaîne ?!!!
Youpie !
Mais je vous rassure : si l’ont peut être victime de viol sans le savoir et commettre des viols sans le savoir non plus, c’est juste à cause de la culture du viol, et de la « zone grise » (un peu comme la Zone 51, où personne ne sait vraiment ce qui se passe), c’est juste à cause d’un biais culturel : « Les garçons apprennent qu’il est normal d’avoir l’initiative, les filles qu’il est normal d’y céder. Et là est le coeur du problème : céder n’est pas consentir. »
Autrement dit, dans cette zone grise pleine de non-dits, ou de pas-assez-dits, de pas-assez-écoutés, de trop-interprétés, tout le monde croit être en train de faire quelque chose de « normal », alors que non, du moins pas dans une relation réellement « respectueuse » (de l’autre et de soi).
Et moi qui ai toujours du mal à m’exprimer à l’oral, parce que je suis autiste (je vous l’ai déjà dit?), et que le langage oral n’est pas du tout ma langue natale, ça n’arrange pas mon cas (j’écris beaucoup plus et mieux que je ne parle).
(Référence : Culture du viol, consentement et « zone grise »).

« Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », aurait dit le Christ.
Je suppose que je vais chanter ça en chœur avec lui, hein, sur un petit air de Jimmy Sommerville, avec un petit pastis pour faire glisser.
C’est con, je n’ai plus de sous pour aller en parler à un psy.
Le consentement, c’est compliqué. A la question « est-ce que tu as envie de ceci cela ? », consentir devrait donc être uniquement un total enthousiasme : « Carrément, je suis à fond !! Qu’est-ce que tu attends ?! », alors que d’autres vous diront que, parfois, consentir c’est répondre mollement : « Bah non mais si ça te fait plaisir alors ok, parce que j’ai envie de te faire plaisir, mais vite fait, hein, parce que j’ai sommeil ».
Compliqué.

Pendant le « sexe », il m’est souvent arriver de penser au café que je préférerais être en train de prendre en terrasse.
Ca m’est souvent arrivé de penser aux parfums que j’ai senti récemment en parfumerie ou ailleurs.
Ca m’est arrivé de voir des fleurs dans ma tête, comme les films qu’on diffuse dans les avions pour que le voyage semble moins long.
Ca m’est arrivé de réfléchir à ce que j’aurai à faire après, de calculer le temps que j’aurai après pour faire ceci ou cela.
Ca m’est arrivé de calculer le nombre d’heure de sommeil que ça me coûte, le nombre de jours dont j’aurai besoin pour m’en remettre.
Ca m’est arrivé de penser à un autre homme que je préfère, que je trouve plus sexy, que je désire bien plus, juste histoire de pouvoir passer un meilleur moment.
Ca m’est arrivé d’essayer d’atteindre mon propre état méditatif, en moi, en mon cœur, de rester là, juste là, présente, ici et maintenant, de respirer, d’observer, comme on fait en cours de méditation pleine conscience ou en stage de shiatsu.
Observer, même les trucs pénibles et désagréables, cultiver mon self-control.
Toi aussi, tu aimes avoir des secrétions vaginales dans tes cheveux ?
Après tout, les vrais tantrika sont sensés pouvoir méditer sur des sites de crémation…
Chercher à atteindre un état méditatif, quand un cadavre brûle à côté de toi ou pendant un rapport sexuel avec un partenaire aussi excité qu’un gosse sur sa Switch, c’est peut-être un peu kif kif bourricot…
Sauf que pendant un rapport sexuel, le partenaire n’est pas sur une Switch, sur un objet, il est sur un être vivant qu’il est sensé « respecter », tout comme les rituels de crémation, en Inde, sont des rituels religieux pratiqués dans le plus grand respect de la vie et de ses cycles.
Être respectée comme une « Switch »… L’un des points culminants de la vie de l’enfant moderne, c’est lorsqu’on lui offre une Switch, qui devient « sa » Switch, sa possession la plus précieuse, source inépuisable d’excitation, de fascination, d’adrénaline et de fun.
Serait-ce là toute l’idée que les hommes se font du « respect » qu’ils doivent à une femme, à une partenaire sexuelle, à une femme dans le cadre d’une relation sexuelle vaguement « tantrique » ?
De la même façon qu’un gosse « respecte » sa Switch au point de ne jamais la jeter par terre, de ne jamais l’oublier dans le train ? Si vous m’accordez autant de respect qu’un ado en accorde à une Switch, alors devrais-je m’estimer comblée et n’aurais-je à me plaindre de rien ?

J’écris ce texte parce que j’en ai marre de me faire doigter comme si votre survie en dépendait, alors que non, vraiment non.
Je crois que les hommes ne savent même pas pourquoi le vagin des femmes les obsède autant.
Je pense que c’est un trouble obsessionnel compulsif, comme une tradition familiale qu’on se transmet de père en fils, sans savoir pourquoi ni à quoi ça sert.

A cela, vous me répondrez : « Mais le plaisir, ma petite chérie, c’est important, il faut savoir se lâcher dans la vie, blablabla ».
Et remarquez comment mon plaisir devrait toujours être celui d’assurer le votre, comment mon plaisir devrait toujours être identique au votre, sinon, c’est que j’ai un problème, vous en éternel « étalon » de ce qu’il convient de considérer comme plaisir ou déplaisir.
Comme si vous ignoriez, très naïvement, que je n’ai aucun besoin de vous pour avoir un orgasme.
Peut-être êtes vous réellement mal informés, au point de croire qu’une femme est incapable d’avoir un orgasme sans vous?
Et puis quel plaisir ?
Et si je n’en ai pas envie, du plaisir, du moins pas du même plaisir que vous? Ou plutôt, si votre conception du plaisir était à l’opposé de la mienne ? Si mon envie, mon plaisir à moi, c’est l’ascèse, la discipline et un petit coup de pastis de temps en temps, et un orgasme en toute autonomie de temps en temps, on fait quoi ?
Si mon plaisir, c’est justement la discipline, la frugalité, un corps et une sensorialité à la fois exaltés, maîtrisés et dépassés, telle un diamant dont l’intérêt est surtout dans la lumière qu’il magnifie, toutes ces choses propres au « vrai » Tantra, celles avec lesquelles je m’efforce de tisser mon quotidien, de plus en plus, depuis des années. Si c’est ça mon plaisir, on fait quoi ?
Si mon plaisir c’est la quête du « vrai » Tantra, de la transcendance à deux, on fait quoi ?
Le Meetic de la transcendance, de la Réalisation au sens réellement « tantrique » du terme, est-ce que ça existe ?

Bref, pourquoi chercher à « fourrer » à tout prix ?
Si seule la quête de plaisir vous anime, alors pourquoi être autant attaché à la pénétration (quelque soit le type d’organe pénétrant et pénétré) et à l’éjaculation, puisqu’en plus d’être des pratiques risquées (maladie, paternité non désirée…), elles n’ont techniquement rien d’indispensable à votre plaisir ?
Les journaux devraient peut-être en faire leur gros titre : un homme peut avoir un orgasme ailleurs qu’à l’intérieur d’un être vivant, et il peut même avoir un orgasme sans éjaculer ! Ca s’appelle être autonome sur le plan sexuel, c’est un peu comme de savoir se faire à manger, ça s’appelle aussi la « continence sexuelle », et c’est aussi de l’hygiène – éjaculer sous la douche plutôt que dans les gens, c’est comme de savoir pisser dans des WC plutôt que sur un trottoir.
Pourquoi considérer la pénétration et l’éjaculation comme aussi quintessencielle – ainsi qu’éventuellement me faire jouir (quand vous vous en préoccupez), comme si cela devait vous garantir une sorte d’immunité à vie de ma part, comme si cela devait vous rendre indispensable à mes côtés, comme si cela allait vous valoir un 13ème ou un 14ème ou un 15ème mois et une retraite aux Seychelles ?!

Alors que non. A chaque fois que vous me blessez, je prends quand même note, à chaque fois que vous exprimez une opinion à l’antipode des miennes, je prends quand même note et je vous présente l’addition lorsque j’en ai assez de vous faire crédit, ce qui arrive souvent, puisque plus je vous fais crédit, plus vous avez tendance à me traiter comme un open-bar… Et aucune cagnotte ne gonfle à chaque fois que vous me pénétrez ou que vous me faites jouir et, vu que je suis « grande fille », une femme qui s’assume (relativement), libérée (je pense que ce texte l’illustre largement), relativement « autonome » comme vous aimez (c’est à dire surtout pas à votre charge, financièrement) alors je sais me faire jouir moi-même, à l’infini si ça me chante (quand ma libido est d’humeur), je n’ai aucun besoin de vous pour ça, et plus vous « fourrez », plus vous fourrez, c’est tout, vous n’allez jamais « plus loin », ça ne vous rapporte strictement rien, cela soulage peut-être momentanément une petite angoisse existentielle passagère, mais ça ne vous mène à rien, à ma connaissance.
A force, pour moi, de mon point de vue, cela devient juste lassant, ennuyeux, rébarbatif, fatigant, voir douloureux.
Non, vraiment, cela ne va pas sauver le monde, cela ne vous rendra pas immortel, ni très riche, ni très célèbre, cela ne me mettra pas non plus à vos pieds jusqu’à la fin des temps.

Alors pourquoi diantre fourrer?
Je vous le demande vraiment : pourquoi ?

 

 

Quelques références :
SexNegative ?
Enthousiasme vs consentement
La « zone grise » du consentement, un concept « très dangereux »
Documentaire: Sexe sans consentement – Infrarouge
Qu’est-ce que le consentement féminin dans l’hétérosexualité ?
Consentement 2.0 = enthousiasme
Vidéo The unfinished story of yes

Dénoncer les violences sexuelles sur les femmes autistes: « Selon un rapport de l’ONG Human Rights Watch « leur difficulté à identifier les comportements violents, à comprendre la notion de consentement, à s’opposer et à se défendre, exposent les femmes autistes à un risque jusqu’à dix fois plus élevé ». (…) Chez les femmes autistes, sidération et dissociation sont particulièrement marquées, explique la psychiatre Muriel Simona : « Elles peuvent tomber dans un sentiment d’étrangeté, avec une impression d’être spectatrice. Cela peut aller jusqu’à l’amnésie traumatique ». »

Illustration de la culture du viol en politique: « « Qu’il avait beaucoup de maîtresses, qu’il consultait des sites, que des filles étaient amenées à l’hôtel à la fin de ses conférences, qu’il en invitait à se déshabiller, que certaines résistaient et qu’il pouvait devenir violent et agressif, ça oui. Mais je n’ai jamais entendu parler de viols. J’en suis abasourdi. » (…)
Que Bernard Godard se dise « abasourdi » par les accusations des victimes présumées en dit long sur l’aveuglement, y compris des autorités françaises, sur le personnage Ramadan. Mais aussi, plus généralement, sur l’absence criante de conscience face à ce qui ressemble à des agressions sexuelles avérées ». –   « Le « Monsieur islam » français savait tout d’un Tariq Ramadan « violent et agressif » sexuellement… et pourtant » – Marianne (oct. 2017).

Consent, it’s a piece of cake : « If you say, ‘Thanks, but I don’t think so’, and they convince you to change your mind, that’s also consent. It doesn’t matter how many times you said no. It doesn’t matter if your friend was being an obnoxious, guilt-tripping, sulky, passive-aggressive pest. (Well, it matters. It may be a reason to reconsider your friendship. But it’s certainly not a reason to go to the cops.) As long as you were free to refuse the cake without risking some tangible harm, it’s up to you to grow a spine. »

– – –

Quelques notes et références en désordre sur le Tantra :

tradition spirituelle, serait apparue il y a 7000 ans, fonctionne sur la base de la transmission d’enseignements, d’un maître à un disciple. C’est une pratique ésotérique qui vise à l’extension et à la libération de la conscience, à l’union avec « Dieu »/la pure conscience, à la réalisation de l’Etre, à être pleinement.
Mais quand on énonce tout cela, beaucoup entendent « l’exultation du petit moi moi moi », et non l’union du « petit moi » avec le Grand Esprit : la dissolution du petit moi dans la Totalité.
On entend aussi plus facilement « connaître tout » que « sentir tout », car être pleinement conscient, ce n’est pas « tout savoir », c’est plutôt sentir tout pleinement, le sentir et pourtant être capable de s’en détacher, comme une feuille morte se détache de l’arbre. Car tout passe.

« Tantra means extreme discipline »… learning to use the body and mind like an instrument… Tantra means a technic or a technology… learning to use the body and mind like a tool, like a computer… it takes enourmous discipline… it’s talking about the body, and because they’re talking about the body, they think sex, because they only think about a few body parts, they forget about the brain!… spiritual growth, reaching to its ultimate nature… no « tantra »/technology = no guru (guru: can do for us something we cannot do for ourself) – Sadhguru, Tantra is not about sex https://www.youtube.com/watch?v=DuVsPLOGz14

ascending of the Kundalini to the highest chakras, for the transformation of the crown chakra, so that it may become « enlightened », turned into a blazing light of illumination, awakening.
Awakening of the astral body – astral body: energy field, biofield (measurable), unconsious, Tantra aims at that field to become conscious, for humans to become fully aware of their whole being (and not just of a few organs)

Dr. Thomas Daffern https://www.youtube.com/watch?v=n8a7xY_flT4
Yoga is a form of practicing tantra
yoga : « to reunite » the soul essence with its devine source
embrace sexual extasy as a vehicle to enlightenment
druidery : celtic version of tantra, same for seidr and other old european traditions, alchemy…
tantra : weaving male/compassion and female/wisdom principles as One.
Use the mundane to achieve the super-mundane
requires a guru
not about sex,
about transcending sex
in hindouism focus on divine play of shakti/female & shiva/male deities, universe : manifestation of divinge energy
tantra seeks channeling that energy within the human realm and unifiy with cosmic consciousness
in bouddhism : no cosmic consciousness idea, buddhism focuses on union of male-compassion/female-wisdom principles
tantra rejected social normes of vedic traditions : rule about dress->go naked, no alcool, no drug->drink alcool, use drugs, no meat-> eat meat, sexual restriction-> sex part of the rituals = similarities with hippies, and the forest « anarchy ».

the divine feminine part 5 – tantra https://www.youtube.com/watch?v=nbCYAWjDKwc

2 réflexions sur “A quoi je pense pendant le sexe? Tantra et sexe sans consentement

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