Asexuelle et puis quoi encore?

snake-woman-jungcurrents

C’est au cours d’une discussion sur un groupe facebook que j’ai commencé à réfléchir à ça, l’asexualité.
Je réalise que lorsque j’ai commencé à avoir une vie sexuelle, ce n’était pas motivée par un désir de sexe, c’était parce que ne pas avoir de vie sexuelle commençait à devenir pesant en société, handicapant.
Jusqu’à un certain âge, n’avoir aucune vie sexuelle peut être considéré comme mignon, mais plus le temps passe, plus cela devient louche. Passé un certain âge, si on n’a pas de vie sexuelle, c’est forcément qu’on a des blocages, des inhibitions, des névroses, des phobies. C’es du moins la pensée dominante.
Je réalise que vis à vis du sexe, j’avais les mêmes appréhensions  que vis à vis de la conduite avant de commencer à prendre des cours de conduite. A l’époque j’avais des niveaux de stress et d’anxiété bien plus élevés que maintenant mais je réalise qu’au fond, après tout, c’est relativement naturel d’avoir un minimum d’appréhension la première fois qu’on se retrouve au volant d’une voiture, surtout quand on sait qu’on n’est pas très dégourdi manuellement, qu’on a des petits problèmes de coordination, par exemple.
Bref, j’avais des appréhensions, surtout parce que je me connaissais plus sensible et vulnérable que la moyenne mais ce n’était pas ces appréhensions qui freinaient. Il n’y avait guère de frein, vu qu’il n’y avait guère d’élan.
J’avais une libido, j’avais des amours, des affinités, mais de là à avoir envie de sexe, ouh la! Il y avait tout un canyon!
Alors je me refais le film de ma vie et je tente de me souvenir, de décrypter…

Je réalise par exemple que je n’ai jamais compris pourquoi des gens sortent le soir pour aller « pécho » dans les bars. Tout ça pour ça? Se préparer, se faire beau, séduire, payer des verres, ramener quelqu’un chez soi (ou pas), dans son intimité, devoir dormir avec quelqu’un d’autre ou partir une fois son coup tiré en plein milieu de la nuit, avoir une nuit pourrie en somme, tout ça juste pour… Euh… Du sexe!?
C’est ça, avoir envie de sexe?!
Mais c’est quoi avoir envie de sexe?
Avoir envie d’un orgasme? A ce moment-là, pourquoi se donner tout ce mal, tout ça au final pour un résultat assez aléatoire, pour se retrouver avec quelqu’un de pas forcément doué ou avec qui ça ne va pas forcément bien se passer… Alors qu’en restant chez soi, cette envie d’orgasme, on peut la satisfaire en quelques minutes. Et c’est gratuit et garanti sans embrouilles ou drame ou déception, capote qui craque ou que sais-je…
Non, en toute bonne logique, s’il y a des gens motivés à ce point pour aller « pécho », ce doit être pour autre chose qu’un orgasme. Ce doit être pour… Bah, du sexe. Ah.
Moi, si ça m’arrive d’avoir envie de « sortir » c’est pour voir des gens et discuter avec eux, pour passer du temps avec des gens que j’apprécie, voir même pour passer du temps avec des gens que j’aime.
Après, il est tard et je vais me coucher.
Mais dans notre culture, en général, il ne semble pas y avoir d’entre deux: soit on est ami et ne se touche pas soit on « couche » et c’est de l’amour ou du cul. Pour le commun des mortels, ça semble toujours plus ou moins étrange quand il se passe un truc entre les deux, « étrange » dans le sens « pas normal », c’est à dire suspect, louche.
Alors que si j’y réfléchis, avec quelqu’un qui m’attire, c’est justement tout ce qu’il y a entre l’amitié et le cul qui me plait le plus: les câlins, grosso modo tout ce qu’on peut faire en gardant le pantalon, l’intimité peau à peau avec une personne qui me plait sacrément ou que j’aime carrément et que je désire. Mais c’est cette personne que je désire, pas le sexe en soi, parce que oui, j’ai bien l’impression qu’il est possible de dissocier l’un de l’autre.
Désir, attirance, envie de contact et d’intimité physique n’est pas forcément envie de sexe.

Si je me concentre encore plus sur les souvenirs que j’ai de ce que j’ai ressenti en présence d’êtres aimés, je crois que je peux aller jusqu’à dire que c’est leur simple présence qui me fait planer sur le plan énergétique (?), ou en tout cas sensoriel. Je peux me « baigner » dans la présence de l’autre comme je peux me plonger dans un bon bain chaud. Et je peux complètement dissocier ça de la génitalité.
Mon corps semble avoir sa vie propre, à certains moments il semble pouvoir prendre le dessus, si je puis dire et chercher sa propre satisfaction mais je ne suis pas limitée à mon corps et l’orgasme au final n’est qu’un détail.

A une époque, si je compare la sexualité à la conduite d’une voiture, ce que je cherchais dans les «  » »rencontres » » » c’était l’opportunité de prendre une leçon de conduite.
Maintenant que je sais conduire à peu près décemment, je n’ai plus d’appréhension vis à vis de la conduite (sauf après mon tête à queue d’il y a un an, là pendant plusieurs mois après j’ai à nouveau eu un peu peur au volant, j’avoue, et puis c’est passé). Maintenant il m’arrive même de prendre du plaisir à conduire mais je pourrais passer ma vie sans toucher à un volant. Ça m’arrive d’avoir de bonnes sensations quand je suis au volant, surtout quand la voiture a du répondant, mais ça ne m’arrive absolument jamais de me dire « tiens, j’irais bien conduire un peu, faire une virée, juste pour le plaisir de conduire ».
Jamais.

Ce qui peut me manquer, parfois, c’est le dépaysement, et il peut m’arriver d’avoir besoin d’aller quelque part et j’ai l’impression que ma vision du sexe c’est ça: une vision très pragmatique. Le sexe est un moyen de communication entre deux êtres, comme la voiture est un moyen de transport.
D’ailleurs ne dit-on pas d’un amoureux qu’il nous « transporte »!?…
Bref. D’ailleurs ce n’est même pas le sexe en lui même, ce qui permet cet échange, cette communication, c’est d’avantage le reste, tout ce qu’il y a autour, ce qu’il y a avant et après, en somme la mise à nu de soi et de l’autre, l’intimité peau à peau.
Le sexe peut aussi me servir de monnaie d’échange: je troc du sexe contre la présence de celui avec qui j’ai envie d’être. Si cette personne est très motivée pour du sexe avec moi et pas grand chose d’autre, ok, allons-y pour du sexe. Un peu comme on accepte d’accompagner un ami en randonnée en montagne, parce que c’est sa passion, c’est ce qui le motive, c’est ce qu’il nous propose, et on accepte parce qu’il connait de bons coins adaptés à notre niveau et qu’on sait qu’avec lui ça va être agréable, sympa, l’occasion de passer un bon moment avec lui mais on n’ira jamais faire une rando tout seul et on n’ira pas non plus avec des gens qui nous indiffèrent, vu qu’on n’en a rien à foutre de la rando, à la base. Mais avec un ami qui apprécie la chose, par contre, on sait qu’on va pouvoir passer un moment tout de même agréable, il y aura un beau paysage, du grand air, des discussions intéressantes, etc…, donc on y va et donc ce sera sympa voir carrément génial.

Et le tantrisme, dans tout ça? Parce qu’il m’arrive volontiers de parler de tantrisme…
Eh bien, grosso modo, le tantrisme a pour vocation l’éveil de la Kundalini et si cette Kundalini a son « siège » au niveau de notre génitalité, elle n’a pas pour vocation d’y stagner et encore moins d’aller « pécho » dans les bars. Comme la sève d’un arbre a pour vocation d’irriguer toutes les branches et chaque feuille de l’arbre, la Kundalini est destinée à alimenter tous nos centres énergétiques, à les « éclairer » de façon à ce que tout l’Etre irradie, pas seulement notre cul.

 

 

 

 

 

 

 

2 réflexions sur “Asexuelle et puis quoi encore?

  1. Tant que tu en es à réfléchir à cette question, as tu jamais cherché à trouver un lien entre ta sexualité (qui n’a rien d’exotique et dans laquelle, au fil des ans, je me retrouve de plus en plus) et ton SA ? Pas que le second dicte forcément la première mais par exemple, après avoir lu Rudy Simone qui traite notamment de cette question, ma copine vraisemblablement Aspi s’y est énormément retrouvée.

    La photo : je l’ai déjà vue… c’est qui déjà ?

    La façon dont se termine ta dernière phrase : très drôle 🙂

    J’aime

Laisser un commentaire